Journal de bord

Les baleines

Nous avons franchi l’équateur et établi un nouveau temps de référence. Nous progressons vers le Sud à travers l’Atlantique avant d’entrer dans ce que nous appelons communément, les Mers du Sud.

Afin de répondre aux nombreux élèves qui nous suivent grâce au programme Spindrift for Schools, oui, nous avons vu samedi notre première baleine et deux de plus dimanche ! Nous ne savons pas de quel type, il s’agissait. La première nous a salué avec son spray avant de plonger et nous ne l’avons pas revue. Les deux autres ont sauté hors de l’eau en faisant de grands « splash » à quelques 400 mètres de nous avant de disparaître, elles aussi, dans les profondeurs.

Les baleines sont parmi les plus grands animaux vivants sur la planète, comme le rorqual bleu ou le rorqual commun, mais aussi les nageurs de hautes profondeurs que sont le cachalot et la baleine à bec.

Beaucoup de ces grandes baleines entreprennent de longues migrations depuis les tropiques – où elles se rendent pour la reproduction hivernale – vers les régions polaires afin de se nourrir dans les eaux froides et riches en nutriments en été. Encerclant l’Antarctique, l’océan Austral est un vaste terrain d’alimentation pour beaucoup des baleines évoluant encore sur la planète. Nous avons vu trois magnifiques spécimens et il me plait de penser que ces créatures merveilleuses et grandioses nous accompagnent au cours de notre navigation vers l’océan Austral.

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Au début du 20e siècle, des marins rapportaient que la population des baleines était très dense et que l’on pouvait presque sauter de l’une sur l’autre, sans se mouiller les pieds. Mais on estime que le nombre de baleines dans l’océan Austral représente désormais juste une fraction de leur nombre passé puisque la chasse commerciale a considérablement réduit les populations.

En 1994, le sanctuaire de l’océan Austral a été créé par la Commission Baleinière Internationale. Etabli dans les eaux situées en dessous du 40e degré Sud, ce sanctuaire vise à protéger ses nombreux habitants, ainsi que contribuer à la restauration et à la protection de l’écosystème marin de l’Antarctique, unique et fragile.

Il reste encore beaucoup à découvrir sur la vie mystérieuse des baleines. Cependant, à partir d’études utilisant des microphones sous-marins (hydrophones) remorqués derrière des navires de recherche silencieux, les scientifiques au service de la conservation ont déjà fait d’importantes découvertes. Les baleines communiquent entre elles sur de grandes distances – à l’échelle de l’océan pour les baleines bleues, tandis que les baleines à bec et les cachalots peuvent rester sous l’eau pendant une heure et chasser à des profondeurs de plus de 1 000 mètres. Elles sont perturbées et blessées par le transport maritime et d’autres pollutions sonores sous-marine de l’homme. Après plusieurs siècles d’exploitation, à l’époque où l’huile de baleine alimentait les lampes et les industries du monde, des mers insaisissables méritent aujourd’hui notre respect et notre protection.

QUELQUES FAITS SUR LES BALEINES

La baleine bleue est le plus gros animal à avoir jamais vécu sur Terre, plus grand encore que tous les dinosaures géants. Le plus imposant rorqual bleu observé est une femelle dans l’océan Antarctique de 30,5 mètres de long (la taille d’un avion Boeing 737) et d’un poids estimé à 144 tonnes, presque autant que 2 000 hommes !

La langue seule d’une baleine bleue peut peser le poids d’un éléphant. Le cœur est de la taille d’une voiture Coccinelle et peut peser jusqu’à 450 kg. L’aorte, un vaisseau sanguin majeur du cœur, est assez large pour permettre à un enfant de ramper à l’intérieur.

Capable de vivre jusqu’à 100 ans, la baleine franche australe est l’une des espèces possédant l’espérance de vie la plus longue. La baleine boréale qui navigue toute l’année dans les eaux glacées de l’Arctique, a elle une durée de vie estimée à environ 200 ans.

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Les baleines à bosse mâles ont un chant très long, étrange et complexe qui mêle des séquences reconnaissables de grincements, de grognements et d’autres sons. Ces chansons couvrent l’ensemble des fréquences utilisées par les baleines qui varient de 20 à 9 000 Hertz (lorsque la parole vocale humaine typique s’étend de 85 à 255 Hz).

Seuls les chants des mâles ont été enregistrés. Leurs chansons complexes ont été entendues uniquement dans les eaux chaudes, peut-être pour attirer des partenaires. Dans les eaux froides, où ils se nourrissent, ce sont plutôt des frottements et des gémissements. Plusieurs spécimens peuvent travailler ensemble afin de former des ‘filets de bulles’ pour piéger leurs proies.

Les baleines à bosse se nourrissent dans les eaux de l’Antarctique. Pour se reproduire, elles nagent depuis le Grand Nord vers l’équateur, près de la Colombie et du Panama, et battent ainsi tous les records de migrations des mammifères. Une baleine femelle a été repérée au large de la péninsule antarctique et aperçus cinq mois plus tard, au large des côtes colombiennes. Même en empruntant le chemin le plus court, cela représente un voyage de plus de 8 400 km (5 000 miles) !

Autour du monde, Spindrift 2 réalise un voyage près de 20 000 milles. Cela signifie que les baleines à bosse parcourent la moitié du globe chaque année !